Voici les dossiers des lauréats de l’édition 2018 du Gala des Prix Policiers du Québec. Pour télécharger les dossiers en français au format Word, cliquez ici

Sous embargo jusqu’au jeudi 15 novembre 2018 à 5 h

Le 16 février 2015, le groupe d’enquête de la GRC du détachement de Valleyfield est chargé de concevoir et réaliser une opération visant à démanteler divers groupes criminalisés tirant profit de la situation géographique amérindienne d’Akwesasne pour approvisionner le Québec, l’Ontario et les provinces de l’Atlantique en tabac de contrebande, cocaïne et cannabis.

Les enjeux juridiques sont complexes. Les enquêteurs s’assurent donc d’abord de l’implication d’un procureur du SPPC, le Service des Poursuites Pénales du Canada. Ils signent aussi une entente avec les agents de la Drug Enforcement Adminstration de Plattsburgh, permettant l’utilisation mutuelle d’un agent civil d’infiltration. À celui-ci, ce sont 26 autres agents d’infiltration qui seront recrutés, préparés et s’additionneront en cours d’enquête.

Le groupe crée une fausse organisation criminelle d’envergure internationale, spécialisée en transport de produits de contrebande. Les agents s’infiltrent peu à peu dans des rôles stratégiques au sein des groupes du réseau visé, finissant par avoir accès à leur système de communications criptées.

La logistique exigée par l’enquête est énorme. En treize mois d’opération, on doit recourir à plus de 180 autorisations judiciaires, à l’élaboration de centaines de scénarios d’infiltration, à l’installation de multiples dispositifs de géo-localisation et de nombreuses caméras de surveillance, installations réalisables -on le devine- uniquement par des entrées clandestines.

Au bilan: la saisie de 231 kilogrammes de cocaïne, 71 livres de cannabis, 318 000$ d’argent sale, 77 610 kilogrammes de tabac haché, 10 610 000 cigarettes.

389 jours après avoir débuté, l’enquête s’est conclue par une perquisition à la résidence de la tête dirigeante de l’un des groupes criminels ciblés. À la suite de cette perquisition, 6 autres vagues d’arrestation ont mené à l’arrestation de trente individus, formellement accusés d’une longue liste de délits d’importation, possession et trafic de cocaïne, métamphétamine, cannabis, tabac de contrebande, possession de produits de la criminalité, etc.

Pour leur créativité dans la mise au point de méthodes d’enquête inédites, pour leur acharnement, leur rigueur et leur planification exemplaire d’une enquête devenue désormais une référence en la matière, j’appelle David Michaud, Stéphane Viau et, pour recevoir chacun une plaque honorifique soulignant leur collaboration essentielle, Special Agent Mike Laravia, DEA; et le procureur des Services des Poursuites Pénales du Canada, Me Guillaume Lemay.

Une plaque honorifique est également remise à l’ensemble des employés de la GRC du détachement de Valleyfield.

Sherbrooke, 9 juin 2016, un agent et son partenaire effectuent leur quart de jour. Une dame appelle le 911 pour demander qu’on vienne au plus vite, « il y a du trouble »!

Les deux agents filent vers une résidence de la rue Mezy, un coin pourtant tranquille et relativement aisé du Quartier Nord de la ville.

À leur arrivée, une dame d’environ 70 ans est à l’extérieur, le visage ensanglanté, un téléphone à la main.

Une information supplémentaire entre à ce moment: le suspect aurait quitté les lieux au volant d’un véhicule de couleur verte.

Le véhicule décrit vient tout juste de passer. L’un des agents quitte la voiture de patrouille pour aller porter secours à la dame, l’autre repart aussitôt pour intercepter le suspect.

Alors qu’il arrive à elle, la dame s’écroule au sol, elle a de la difficulté à respirer. L’agent constate qu’elle a de nombreux coups de couteau, près des épaules. Elle saigne aussi beaucoup de la bouche.

Il entre rapidement à l’intérieur du domicile. Un homme, environ du même âge que la dame, est par terre sur le plancher de la cuisine, dans une mare de sang. Il y a des éclaboussures partout.

L’homme tente de ramper jusqu’à l’agent, mais il est trop mal en point. L’agent lui conseille de rester couché, l’informe que d’autres véhicules d’assistance sont déjà en route. L’homme, d’un signe de tête, lui montre qu’il a compris.

L’agent retourne à la dame sur le gazon. Elle respire avec peine, bruyamment. L’agent la couche sur le côté pour ne pas qu’elle s’étouffe avec son sang, elle en a plein la bouche.

Une agente et un agent supplémentaires arrivent. Celui-ci se précipite à l’intérieur pour porter assistance à l’homme. L’agente reste avec le policier auprès de la dame, les deux tentant de voir la gravité de ses blessures et de lui donner les premiers soins. Ils appliquent une pression sur les plaies pour ralentir l’hémorragie du mieux qu’ils le peuvent.

Un autre agent arrive pour apporter son aide, suivi des ambulanciers qui arrivent à leur tour et prennent les victimes en charge. Il s’est écoulé à peine quatre minutes depuis l’arrivée du premier véhicule de patrouille.

La décision d’intercepter la voiture verte le plus rapidement possible était la bonne, une chasse à l’homme venait d’être évitée. L’interception s’est faite quelques centaines de mètres à peine plus loin. Le conducteur était bien le suspect, âgé d’une vingtaine d’années.

Les victimes étaient ses grands-parents. Bien qu’on ait craint un bon moment pour leur vie, ils vont tous les deux s’en tirer.

En état d’arrestation, le suspect, qui avait aussi des blessures résultant de l’altercation, fut conduit à l’hôpital. Comparaissant le surlendemain, il a été accusé de tentative de meurtre et voies de fait grave.

Pour les décisions qu’ils eurent à prendre rapidement, qui se sont avérées les bonnes, pour leur choix de priorités qui s’est avéré le bon, pour leur professionnalisme, j’appelle Pierre Audit, Sébastien Bourassa, Mélissa Brochu, Yannick Hamel, Benjamin Leblanc et Benoit Pellerin.

Le 15 juin dernier, vers 17h 45, un homme de 48 ans fait du surf sur la vague stationnaire appelée « Habitat 67 », sur le fleuve Saint-Laurent. C’est un lieu prisé à la fois pour le kayak et le surf en eau vive. Soudain, l’homme perd pied, la corde de sécurité de sa planche se rompt et il est emporté par le courant. Un policier de la Sûreté du Québec à Joliette, en congé ce jour-là, est en bateau avec deux amis quand des gens sur la pointe des rapides attirent leur attention: un corps inerte dérive dans l’eau.Sans hésiter, ils foncent, l’attrapent et tentent de le sortir de l’eau. Ceux qui l’ont déjà vécu vous le diront: le corps est mou, impossible à bien saisir et, dès qu’on veut le soulever, son poids se multiplie par dix.Incapables de le sortir de l’eau malgré leurs tentatives répétées, ils interpellent un couple en motomarine, embarcation plus agile pour s’approcher. L’homme du couple se jette à l’eau et, aidé de notre policier et de ses amis, ils réussissent à le déposer sur la plate-forme arrière du bateau.

L’homme ne respire plus, n’a plus de pouls et a les lèvres bleuies. Le policier débute immédiatement les manoeuvres de réanimation cardio-respiratoire pendant que la dame du couple, qui a déjà suivi un cours de réanimation il y a une quinzaine d’années, s’exécute pour la première fois au bouche-à-bouche.Au bout d’une trentaine de compressions, le policier entend l’homme aspirer une bouffée d’air. La garde-côtière vient d’arriver, l’homme est pris en charge. C’est le cas de le dire: tout le monde reprend enfin son souffle.Ce sont finalement les policiers de Montréal qui leur annonceront la bonne nouvelle le lendemain: le rescapé va bien, même s’il n’a aucun souvenir de son sauvetage. Rapidement mis en contact avec le miraculé, des liens se sont tissés entre tous, c’est aujourd’hui une bande d’amis.Pour son intervention rapide, son réflexe d’utiliser tout ce qui était à sa portée, ses manoeuvres répétées pour sauver la vie d’un homme que le hasard avait mis sur son chemin, nous récompensons aujourd’hui Simon Hébert. M. Hébert ne pouvait être avec nous, soyez assurés que son Cristal lui sera remis.

19 mai 2018, vers 16h30, un homme tombe en arrêt respiratoire, causé par un infarctus, au volant de son véhicule, sur la rue Sherbrooke à Magog, la voie de circulation la plus fréquentée de la ville. Son véhicule en frappe un autre, arrêté au feu rouge.L’une des personnes descend du véhicule heurté et constate que le conducteur de celui qui vient de les frapper est inconscient et que les portières sont verrouillées. Un policier, sergent à la Régie de police Memphrémagog, arrive sur place, suivi d’une ambulance. Le policier constate rapidement qu’il n’y a qu’un moyen d’extraire rapidement le conducteur inconscient. Le propriétaire d’une compagnie de remorquage est là aussi… et il a un marteau!

Le policier fracasse la lunette arrière, désengage la transmission, déverrouille la portière du chauffeur, extirpe celui-ci du véhicule et entame aussitôt les manoeuvres de réanimation cardiaque. Les ambulanciers, qui ont sorti leur équipement, prennent sa relève, font une défibrillation, deux, trois puis quatre. Un faible pouls est enfin perceptible. Ils transportent le patient à l’hôpital de Magog d’où il sera transféré au CHUS.
On lui fait une angioplastie et on le plonge dans un coma artificiel duquel on espère qu’il s’en sortira sans séquelles. Contre toute attente, celui-ci se réveille par lui-même, dès le lendemain matin. Sa convalescence est bien entamée.

À Valleyfield, le dimanche 8 juillet dernier, à 3hrs du matin, le détachement de la GRC reçoit un appel du poste de la Sûreté du Québec: un petit garçon de 2 ans, prénommé Ryland, a échappé à la vigilance de ses parents, la veille vers 20h, et n’a pas été revu depuis.

Malgré un important déploiement, l’opération de recherche déclenchée n’a encore donné aucun résultat et les équipes, sur le terrain depuis la veille, sont à bout de souffle. La collaboration entre les deux corps policiers de ce secteur, est fréquente et réciproque. La responsable du détachement de la GRC acquiesce sans hésitation à toutes les demandes du poste de la Sûreté pour aider à retrouver ce petit garçon: soutien aérien avec détection thermique, maître-chien, drones. La réponse des membres rejoints en mesure de prêter main-forte, est immédiate: ils se portent tous volontaires, passent au détachement pour y ramasser des équipements en urgence et accourent au poste de commandement situé à l’église de Dundee. Briefing terminé, l’équipe mixte GRC-SQ entre en forêt.

Retrouver un adulte dans cette zone est déjà un défi. Un enfant de deux ans, que la peur incitera peut-être à se cacher, rend la tâche encore plus compliquée. Il fait déjà une chaleur caniculaire.8h47, Ryland est perdu depuis plus de 12 heures. Achevant la fouille de leur première zone de battue, une équipe de trois agents de la GRC et d’un membre de la SQ croient entendre, au loin, les pleurs d’un enfant. Le petit Ryland est autiste. Si jamais on le repère, les parents ont donné aux équipes de recherche un mot susceptible de le faire réagir. C’est donc en courant, en trébuchant, à l’aveuglette, en s’arrêtant pour relocaliser la provenance des pleurs, en repartant, en s’accrochant dans les branches, que les trois gendarmes reprennent leur course à obstacles en criant « Chocolat! ».À la bordure d’un champ, accroupi, désemparé mais content de voir des visages, le petit Ryland est enfin retrouvé. On lance aussitôt, par communication-radio, la nouvelle que tous attendaient.

Les gendarmes ressortent du bois, écorchés mais soulagés, l’un deux portant dans ses bras le petit Ryland, auquel il a donné sa casquette et qu’il réconforte jusqu’à l’arrivée de l’ambulance et de ses parents.Pour leur implication immédiate, leur solidarité, leur détermination à retrouver ce petit garçon …et pour le chocolat, j’appelle Michel Lapointe, Kyle Mink, Jeremy
Poissant et Dale Roy. 


Le 29 janvier 2017 à 19h34, le premier d’une importante série d’appels rapportant des coups de feu au Centre Culturel Islamique de Québec, entre au 911.Le premier intervenant arrivé sur les lieux est un sergent du Service de Police de la Ville de Québec, rapidement suivi par une équipe de patrouille. Scène d’horreur, six personnes sont décédées, de nombreuses autres sont blessées, de l’agitation, des cris de douleur, des yeux en larmes, des regards vides, absents, l’état de choc.Le sergent prend immédiatement le contrôle de toutes les facettes des interventions de tout type qui requièrent une attention immédiate: liens radio, à la fois pour transmettre les informations à mesure qu’il les a et pour coordonner l’action de toutes les équipes présentes et qui arrivent. Les décisions se prennent vite: assignation, priorités, urgences, secours aux victimes, sécurité, évaluation, gestion des risques, supervision, feedback, ajustements continus: un plan global de gestion, efficace et responsable qu’il exécutera, pendant plusieurs heures, sans faillir, jusqu’à sa relève plus tard en soirée.Pour son leadership, sa vue d’ensemble de la situation, son discernement des priorités, son humanisme autant envers les victimes qu’envers les intervenants dont il a coordonné les diverses actions.
Nous retournons au Centre Culturel Islamique de Québec, dans les premières minutes du branle-bas suivant la fusillade.Les blessés, on le sait, sont nombreux, la gravité de leur état varie.

Après avoir sécurisé une partie du bâtiment avec quelques collègues, un agent intervient aussitôt auprès d’un homme, parmi les blessés gisant au sol.

Celui-ci montre des signes d’aggravation rapide et importante de son état en raison d’une plaie perforante lui faisant perdre une grande quantité de sang. Aucun matériel médical n’est encore arrivé. L’agent regarde autour, fouille dans ce qui traîne, trouve une courroie de déménageur, il s’en sert pour faire un garrot. L’hémorragie continue, il lui faut trouver le moyen de faire un second garrot. Il débranche le cordon d’alimentation de la distributrice d’eau, le coupe, s’en sert aussitôt, ça marche: la perte de sang est maintenant limitée, l’état de la victime est presque stable.Les ambulanciers arrivent enfin, l’équipement aussi. Malgré ses blessures graves, l’homme aura la vie sauve.Pour l’initiative et la débrouillardise dont il a fait preuve sur la première ligne d’intervention afin de trouver les moyens d’empêcher un homme de plus, de mourir au bout de son sang.

8- Daniel AnctilFin juillet de cette année, un policier de Trois-Rivières et son frère sont en vacances familiales à l’île-du-Prince-Édouard.Le vent souffle fort ce jour-là. Le frère du policier, en train de s’amuser avec ses enfants sur la plage, aperçoit des matelas gonflables qui dérivent au loin. L’un est vide, deux fillettes sont assises sur un autre, une femme sur un troisième, qui essaye de rattraper les fillettes, sans succès.

Les vagues sont grosses, les matelas s’éloignent vers le large. Aucun sauveteur n’est en vue. Il s’élance aussitôt à la nage, sans prévenir personne.Le policier ne s’en rend compte qu’une fois son frère rendu environ à mi-chemin, mais il n’est pas trop inquiet: les deux frères sont tous les deux d’excellents nageurs; le policier a fait de la compétition au niveau collégial, il a été sauveteur pendant deux ans. Son frère a aussi fait de la compétition aux niveaux collégial et universitaire. De plus, le policier a reçu en 2015 la Croix de Bravoure pour avoir, avec un collègue, secouru un désespéré qui s’était jeté dans les eaux glaciales du Saint-Laurent. Pour l’instant, le mieux à faire n’est pas de se garrocher à l’eau, mais de suivre ce qu’il se passe et de se tenir prêt.Après quelques minutes, il voit son frère saisir le matelas des fillettes entre ses jambes et le remorquer vers la rive en nageant sur le dos. Il arrive à un haut-fond, enlève son t-shirt qu’il jette à l’eau, fait une pause.Le policier voit que, même pour son frère, bon nageur, c’est plus dur que ça en a l’air. Il part donc aussitôt pour aller chercher la femme encore au large sur son matelas, qui continue de s’éloigner.Les deux frères se croisent sur le haut-fond. Les fillettes sont figées, mais en sécurité. Son frère en train de récupérer, le policier repart vers la femme qu’il finit par atteindre et ramener. Elle aussi est sans réaction, figée. Les vacanciers sur la plage suivent la scène. Un homme part à la nage vers le haut-fond pour les aider. Les deux frères arrivent enfin sur la rive avec la femme et les fillettes saines et sauves, sous les applaudissements. Le policier apprendra peu après, de la mère des fillettes, que celles-ci ne savent pas nager et que la gardienne, qui en avait la charge ce jour-là, sait à peine à barboter. Pour avoir, grâce à son expérience et à sa compétence,
résisté à la témérité et plutôt choisi de transformer en acte efficace ce qui est devenu un geste héroïque.

9- Michel Larouche et Guy LafleurEn 2003, un enquêteur de la Sûreté du Québec au Service des Crimes contre la Personne, est amené, par son travail sur divers dossiers, à rencontrer des proches de personnes assassinées. Ces entretiens lui font réaliser que leurs ressources sont plutôt limitées. Rencontrant, dans le cadre d’une enquête, la représentante à Montréal, du Centre d’Aide aux Victimes d’Actes Criminels, le CAVAC Montréal, il s’informe des services offerts aux conjoints et enfants de personnes assassinées. Il apprend qu’aucun programme spécifique n’existe, couvrant cet aspect.

Il convient alors avec elle d’en mettre un sur pied et il s’engage à trouver l’argent qui y sera affecté. Amateur de moto et avec, en tête, une belle idée de projet, il a une idée claire du Président d’Honneur qu’il veut: un gars généreux, authentique, un gentilhomme, le meilleur marqueur de l’histoire des Canadiens de Montréal, son idole, Guy Lafleur.

Le gars est occupé, constamment sollicité, mais notre enquêteur approche quand même le représentant des Anciens Joueurs du Canadien. Le lendemain, il a le numéro de téléphone de Guy. Celui-ci se montre attentif, sensible, intéressé au projet, il embarque.

La première Randonnée du Harfang prend le départ en 2003. Le premier sur place est le même qui était toujours le premier sur la glace, Guy. En tout, ils sont 17 motocyclistes, surtout des policiers et agents des Services Correctionnels. Notre enquêteur est tellement nerveux qu’il se perd en chemin et, au moment de faire le plein de sa moto, met du diesel.

En 2004, des collègues de la Sûreté du Québec viennent prêter main-forte côté logistique et recherche de commandites. La Randonnée du Harfang prend son essor. En quelques années, les participants sont au nombre de 200. La Randonnée, d’environ 300 km, sillonne diverses régions: Montérégie, Lanaudière, Laurentides, Bois-Francs et, bien sûr, l’Outaouais où elle est accueillie à Thurso.On roule sous escorte, tantôt des Blue Knights, des services de police municipaux, de la Sûreté du Québec, car la longueur du « serpent de motos » sur la route, dépasse le kilomètre. Qu’on roule sous le soleil, la pluie, le vent ou le froid, Guy est toujours le premier en avant, toujours aussi disponible: photos, entrevues radio, télé, journaux, autographes, animation lors du souper en fin de journée. Avertissement: ne faites jamais une pause en face d’une école. Quand les élèves voient Guy Lafleur, l’école se vide en 5 minutes, profs et directeur inclus.En 15 ans d’existence, la Randonnée du Harfang a donné un coup de main au CAVAC, la Fondation Mira, l’Association des Familles de Personnes Assassinées ou Disparues, la Fondation les Petits Trésors, la Fondation Communautaire de la Sûreté du Québec et Réchaud-Bus, une initiative d’employés retraités et actifs de la STM, qui fournit des repas chauds et collations à des enfants de quartiers défavorisés de Montréal.

Au bilan, la Randonnée du Harfang aura redistribué 210 000$.

10-Christopher HardingÀ la Régie de police du Lac des Deux-Montagnes, un agent, policier-jeunesse depuis 10 ans, a mis sur pied une équipe de hockey constituée d’enfants dont les candidatures lui sont soumises annuellement par les 11 écoles primaires du territoire.Cet agent devient, chaque année depuis 5 ans, le coach de 25 nouveaux joueurs de l’équipe LES FORCES. Chaque samedi, le temps de glace à la patinoire est offert par la mairie.

L’équipement des jeunes joueurs est un don de l’Association des Joueurs de la LNH qui facilite aussi, depuis 5 ans, la visite du Complexe Brossard où s’entraînent les Canadiens de Montréal. Le coach des FORCES n’est pas juste là pour améliorer le coup de patin et le jeu de passes. Il motive et crée des liens avec ces jeunes, devenant leur raison de mieux se comporter et de maintenir leurs notes à l’école. Depuis la mise sur pied de cette équipe, les parents lui font constamment le récit de succès à l’école, de confiance retrouvée, de respect, de fierté.Actif dans la recherche de partenaires, méthodique, engagé, le coach a aussi pour complices toute une équipe de policiers qui entraînent les jeunes, préparent le matériel, les équipements, le souper de reconnaissance à la fin de la saison, avec médailles et trophées.

Les jeunes apprennent à connaître personnellement ces policiers qui les soutiennent, les encouragent. Si un jeune s’est retrouvé dans une mauvaise situation, à l’école ou dans la rue, qu’on doit appeler la police et que c’est l’un de ses entraîneurs qui se présente, les choses se règlent autrement mieux.L’Association des Joueurs de la LNH aidait déjà des enfants dans le besoin à avoir un équipement de hockey décent. Leur partenariat avec le coach des FORCES est leur première implication en partenariat avec un service de police.Deux autres services de police, l’un en banlieue de New York, l’autre à Toronto, souhaitent reprendre le modèle et le nom créés par le coach, en appelant leurs équipes (en anglais:) « FORCE ». Ils sont en démarche auprès de l’Association des Joueurs de la LNH et ça s’annonce bien.

11- Emmanuelle Chamberland et Cédrik Moreau25 juillet 2016,10h, un appel entre au poste de la Sécurité Publique de la MRC des Collines-de-l’Outaouais. En s’éveillant, vers 9h, un homme a constaté que sa conjointe a disparu, madame, âgée de 84 ans, est atteinte d’Alzheimer. Elle n’est nulle part dans la maison ni autour, sur le terrain se terminant en pente abrupte au bord de la rivière Gatineau.Deux agents et une agente sont là dans les minutes qui suivent. Ils ratissent les lieux. L’un des agents entend des bruits provenant d’un coin isolé de la berge. S’en approchant, il aperçoit la dame affaissée dans l’eau, presque submergée. Désorientée et en hypothermie, elle s’agrippe à un rocher, craignant d’être emportée par le courant.L’agente saute à l’eau. Elle réussit à décoincer la dame puis la prend dans ses bras. Ses deux collègues l’aident à la ramener sur la berge.

La dame est transportée au centre hospitalier.Même jour, 13h05, appel d’un homme de 45 ans annonçant qu’il veut mettre fin à ses jours dans le Lac Meech. Notre trio de deux agents et une agente s’y dirigent. En route, ils dépassent un convoi: l’escorte du Premier ministre. Le dernier véhicule du convoi, où se trouvent deux agents de la GRC, se joint au trio.Arrivé sur les lieux, l’un des agents croit apercevoir, sur le lac, un gros tube blanc qui semble dériver. L’agente arrive à son tour, suivie des deux membres de la GRC. À l’aide de jumelles, ils constatent que le tube est en fait une bouée et qu’ il y a une personne dessus. Dans un cabanon, heureuse découverte: un canot, des avirons, des vestes de flottaison. L’un des agents et l’agente s’en servent pour rejoindre l’homme, au milieu du lac. Il semble inconscient, ne répond pas à leurs appels. Ils tentent de le hisser à bord, sans succès: l’homme est trop corpulent et le canot trop instable.Solution de dernier recours: l’agent maintient la tête de la victime hors de l’eau et le remorque avec ses deux bras, pendant que l’agente rame, en direction de la rive. Au bout d’une vingtaine de minutes, ils sont à 25 mètres du bord, l’agente est au bord de l’épuisement. Leurs collègues restés sur la rive, auxquels se sont maintenant joints deux paramédics, sautent à l’eau et, formant une chaîne humaine, ramènent la victime sur la rive.C’est alors qu’ils constatent que son sac à dos contenait une pierre d’une vingtaine de kilos. La victime sera transportée au centre hospitalier.

En décembre 2017, une cellule d’enquête spéciale est mise sur pied, au SPVM, pour s’attaquer à un dossier tout aussi spécial. Depuis un certain temps, un homme cible des personnes âgées qui ont une maison à vendre. Très affable lorsqu’il se présente pour une visite des lieux, il a même la délicatesse d’apporter une bouteille de vin et une boîte de chocolats qu’il offre avec insistance.Les victimes goûtent au chocolat, perdent connaissance et l’homme en profite alors pour leur voler argent et bijoux. Des tests révèlent que les victimes, à leur insu, ont consommé du clonazépam, un puissant sédatif.On n’a que des images floues, du suspect, ou d’un côté de sa voiture, aucun indice sur son identité. C’est alors qu’une employée civile du SPVM, spécialisée en recherche et planification, confectionne, à l’aide d’un logiciel d’analyse, plusieurs « recettes » lui permettant de faire rapidement des liens entre les téléphones utilisés par le suspect, les tours de retransmissions et les victimes avec lesquels il communique pour prendre rendez-vous. On l’a.Des partenaires participent à l’enquête: le profileur de la Sûreté du Québec, la polygraphie du SPVM, le laboratoire de sciences judiciaires, l’identité judiciaire, cyber enquête. Également, les services policiers d’Ottawa, Sherbrooke, Toronto, Atlanta, Hong Kong, les douanes canadiennes et américaines, la GRC, le US Marshall Services, Interpol, des agents de renseignement, des analystes, et d’autres encore.L’enquête montréalaise révèle que le suspect, provenant d’Algérie, voyage beaucoup et qu’il use du même stratagème dans plusieurs pays. À chaque fois qu’un autre de ses crimes est rapporté, il a déjà quitté le pays. C’est un arnaqueur habile, un pro dont les premières frasques remontent à 2001. Grâce aux enquêteurs du SPVM, les corps policiers de plusieurs grandes villes au Canada et à l’étranger peuvent maintenant faire progresser leurs dossiers: Indonésie, Ile Maurice, Dubaï, Costa Rica, Hong Kong.Le 31 mars dernier, Hamid Chekakri, 47 ans est arrêté par les agents américains du U.S. Marshals Service à Atlanta, ou les enquêteurs du SPVM vont le chercher afin de le faire comparaître devant la Cour du Québec. L’arnaqueur habile et pro a frappé plus habile et pro que lui.En détention préventive depuis son arrestation, Hamid Chekakri a plaidé coupable, le 7 novembre dernier, à un premier chef d’accusation, donnant à penser qu’il pourra faire de même pour tous les autres dont il fait l’objet.
Le mercredi 7 février dernier, un jeune agent du SPVM affecté au poste de quartier 13, dans le secteur de Lasalle, vient de terminer son quart de travail.

Il emprunte le pont Champlain direction rive-sud, comme à chaque jour, lorsqu’il voit un véhicule soudainement passer de la voie de gauche à la voie de droite, s’arrêter, clignotants d’urgence activés.

Le policier s’en approche, voulant apporter son aide dans ce qu’il croit être une simple panne. C’est alors que le conducteur du véhicule en sort, se dirige vers le bord du pont, monte sur les murets de béton et, au bord du vide, regarde vers le bas, prêt à sauter.

L’agent arrête aussitôt son véhicule et tente d’en sortir. C’est un véhicule de location dont la clé doit être retirée du contact pour que les portières puissent s’ouvrir. Après deux ou trois précieuses secondes perdues, il en sort enfin et s’élance à la course vers l’homme en détresse qu’il rejoint rapidement, il l’agrippe et le ramène sur le tablier du pont.

L’homme, surpris de la présence et de l’intervention de l’agent, se débat un peu, veut retourner sur le muret, disant qu’il n’a plus rien à perdre, qu’il a tout perdu, demande de le laisser aller. Le policier ne cède pas. D’autres conducteurs se sont arrêtés, ils apportent leur assistance, l’homme finit par se calmer jusqu’à l’arrivée des services d’urgence.

Le métier de policier confronte régulièrement ceux et celles qui l’exercent, à des gens en panique, en colère, en souffrance, en danger, en détresse physique ou psychologique. La décision d’intervenir pour aider, soulager, calmer ou sauver ces gens ne relève pas d’une assignation ou d’un horaire de travail. C’est d’abord une attitude personnelle, fondée sur des valeurs morales, imprégnées, solides, inébranlables.

Pour ses valeurs, à la source de sa décision d’intervenir immédiatement, efficacement, et pour sa détermination à soutenir et continuer de protéger contre lui-même l’homme qu’il venait de secourir jusqu’à ce qu’il se soit assuré de sa prise en charge.

Montréal, 28 juin 2017, 10h50. Deux agents du Poste de Quartier 39 en patrouille, reçoivent un appel: une agression armée est en cours, boulevard Langelier. Ils s’y rendent aussitôt.Dès leur arrivée, un homme leur explique, sur le trottoir, que dans l’appartement, il y a une personne avec un couteau et qu’une femme s’est fait poignarder.

Les agents entrent dans l’édifice. Du couloir, ils entendent des cris d’homme et d’une femme.Pas une seconde à perdre, l’un des agents enfonce la porte.

Un témoin tente désespérément, par derrière, de retenir le suspect, un homme bien bâti, qui essaie de continuer à poignarder une femme couchée sur le sol, couverte de sang, tentant de se protéger avec ses bras, croisés sur sa poitrine.L’un des deux agents dégage le témoin, empoigne solidement le suspect par derrière et le balance pour l’éloigner de la victime. Le suspect, adossé au mur, halète bruyamment, sourcils froncés, poing droit fermé, tenant dans la main gauche un long couteau de boucher. La configuration des lieux ne permet aucun retrait. L’homme est costaud. L’agent l’agrippe à la gorge d’une main, dégaine son arme en lui ordonnant de lâcher le couteau. Le suspect ne bouge pas, l’air menaçant, haletant, fixant l’agent dans les yeux. L’agent réitère fermement son ordre. L’homme finit par lâcher son couteau. Le deuxième agent lui empoigne aussitôt le bras pour le maîtriser, il faut toute l’énergie des deux agents pour l’amener au sol et le menotter. Les secours ont été appelés, la femme est emmenée à l’urgence la plus proche. Les patrouilleurs tentent de parler avec le suspect mais celui-ci ne fait que pleurer, il sent l’alcool. On l’amène au Centre Opérationnel, on lui enlève ses vêtements maculés de sang pour lui en donner des propres. La tempête est passée, la suite des procédures habituelles s’enclenche. La femme sera sauvée.

Le 6 avril 2016, vers 19h, le sergent-superviseur du poste de la Sûreté du Québec à Val d’Or reçoit une demande d’assistance de la part des policiers de la communauté autochtone de Lac-Simon. Ceux-ci s’apprêtent à arrêter un père de famille en crise, Sandy Michel, qui risque de leur donner du fil à retordre.Le sergent s’active aussitôt. Il s’adjoint trois policiers et une policière du poste de Val d’Or, deux policières du poste de Senneterre.

Alors qu’ils sont tous en route, le sergent est en ligne avec l’un des policiers de Lac-Simon. L’homme est sorti de sa résidence, armé d’une machette. Pendant qu’ils se parlent, le sergent entend des coups de feu: les policiers autochtones, se voyant menacés, n’ont eu d’autre choix que de faire feu sur l’individu. Voulant s’en approcher pour lui venir en aide, ils en sont empêchés par des gens de la communauté, occupant la scène, de peur que des preuves soient déplacées, altérées ou qu’elles disparaissent. Ils menacent les policiers, les contraignent à se retirer des lieux de la fusillade. La tension monte rapidement.À la source de cette tension, il y a plus que l’événement en cours. Il y a ce que l’émission Enquête, diffusée il y a à peine six mois, a appelé « la crise de Val d’Or », alléguant des abus physiques et d’autorité par les policiers de la SQ de Val d’Or. Il y a aussi, survenu il y a moins de deux mois, le meurtre du jeune agent Thierry Leroux du Service de Police de la communauté Anishnabe de Lac-Simon à l’endroit-même où, ce soir, la communauté menace ses propres policiers. Cette crise et ce meurtre, le sergent et les six membres de son équipe les ont tous déjà en tête lorsqu’ils arrivent sur place. Sur le mur extérieur d’une maison, un graffiti: « Fuck la police ».

Ils rencontrent d’abord les policiers autochtones. Le sergent prend charge de la situation: il assigne à son équipe de se rendre tous auprès de l’individu abattu et de prendre charge du périmètre, des témoins et des éléments de preuve. Le sergent les avise surtout, d’être prêts à toute éventualité. Dans les communautés autochtones, les armes à feu sont très présentes. Les policiers sont rapidement encerclés. Même si leur propre sécurité est menacée, ils doivent contenir les quelques centaines de citoyens en colère, dont plusieurs sont intoxiqués, certains en crise. Le sergent ne veut pas seulement calmer le public, il veut obtenir sa collaboration. Son équipe scinde le groupe en deux: les personnes aptes; les intoxiqués. Une partie des personnes aptes va préserver la scène et les éléments de preuve, les autres vont prendre en charge celles qui sont trop intoxiquées. Le calme obtenu est fragile, la tension reste palpable. Les ambulanciers arrivent. Assistés et protégés par les policiers, ils ramassent le corps de Sandy Michel et partent vers le Centre Hospitalier de Val d’Or, où son décès sera constaté. Peu après leur départ, deux autres policiers arrivent en renfort.

Dans les heures suivantes, tout risque d’exploser. Des individus ont menacé d’utiliser des armes à feu contre leurs propres policiers, en rétorsion de la première fusillade. Les membres de l’équipe interviennent aussitôt, les arrêtent, ramènent le calme.Pour être restés prêts, soudés, solides, conscients que la détermination de tous reposait sur la détermination de chacun, conscients aussi que chacun de leurs gestes était scruté et que leur impact, propagé dans toutes les communautés autochtones du pays ne s’arrêterait pas ce soir-là, mais qu’au contraire, il pourrait être la première page d’une histoire différente, productive, porteuse d’espoir.